Le Baobab fou de Ken Bugul qui est publié en cette année 1982 est un rude coup porté à la société bien-pensante sénégalaise. Un coup si lourd et si long à digérer que celle qui ose se raconter envers et contre toutes les règles de la norme sociale voit se fermer les portes devant elle. Nul ne peut concevoir cette forme de liberté, indécente, crue, violente et pourtant tellement gorgée d’émotion brute.
L’auteur s’assume, assume ses choix de vie et d’écriture : « Je voulais surtout qu'il y ait une réaction concrète, positive. Je ne veux pas qu'on soit toujours dans la victimisation. Montrer qu'on peut réagir à des situations difficiles. Que les femmes peuvent trouver la solution elles-mêmes sans passer par un "sauveur" quelconque. » « J'écris contre les clichés et les idées reçues que l'on a de la femme africaine[1]. »
La femme victime fait place à la femme résolue, consciente de l’oppression qu’elle subit. Le ton est donné. Ken Bugul est cette passerelle indispensable entre une littérature féministe des années 70-80, violente et agressive envers l’homme, et une littérature des années 90 au service d’un féminisme africain pétri de valeurs hétérosexuelles.
Dans ce dernier cas de figure, la lutte pour l´émancipation de la femme devient une lutte commune des deux sexes et non une confrontation. Elle n´est jamais dirigée contre l´homme, mais elle se fait avec l´homme. L´esprit de complémentarité supplante celui d´égalité et confère à ce mouvement une autre connotation. Le féminisme apparaît dès lors comme un véritable mouvement de libération, libéré du ton agressif et violent à l´encontre de l´homme.
Mariétou Mbaye Biléoma — Ken Bugul est un pseudonyme — est née en 1948 dans le Ndoucoumane, au Sénégal, dans une famille polygame, d’un père marabout alors âgé de 85 ans. Sa mère doit se séparer d’elle alors qu’elle n’a que 5 ans (« Je dis qu’elle m’avait abandonnée. Elle ne m’avait pas abandonnée. Elle m’avait laissée chez mon père. Elle était partie dans la maison de sa mère. Quand j’ai retrouvé ma mère, un an après, elle était plus proche de ses petits-enfants que de moi. »
Après quelques années d'école primaire dans son village, elle entreprend des études secondaires au lycée Malick-Sy de Thiès, puis passe une année à l'université de Dakar avant d'obtenir une bourse d’études qui lui permet de se rendre en Belgique. Elle suit des études de communication et de développement. Diplômée de langues, elle est spécialiste du développement et de la planification familiale.
De 1986 à 1993, elle est fonctionnaire internationale dans de nombreux pays africains. Elle est successivement basée à Nairobi (Kenya), Brazzaville (Congo), Lomé (Togo) comme chargée de programmes dans la région Afrique d'une organisation non gouvernementale internationale qui s'occupe essentiellement de projets de planification familiale (International Planned Parenthood Federation Africa Region). Elle participe alors dans le monde entier à de multiples formations sur le développement et est présente à plusieurs colloques et conférences sur les problèmes de la planification familiale, des femmes ou des jeunes.
Depuis 1994, elle se consacre principalement à ses activités d'écrivain. Elle anime aussi des ateliers d'écriture en milieu défavorisé (écriture thérapeutique et de réhabilitation) et travaille à la promotion d'œuvres culturelles, objets d'art et d'artisanat (2003).
Ken Bugul est une femme qui a traversé et surmonté toutes les épreuves de la vie. Elle s’est forgée sur le monde un regard d’une rare liberté et communique à tous ceux qui la croisent, qui lui parlent ou qui l’écoutent un très rare et précieux sentiment d’amour de la vie. Son écriture s’enracine dans la rupture avec sa mère, éloignée du domicile familial pendant une année.
Ses prises de position sur l’Afrique traditionnelle, la condition féminine, le développement économique, les rapports Nord-Sud, l’assistance apportée à l’Afrique, l’islam, l’écriture… sont sans ambiguïté et ont souvent dérangé. Son extraordinaire lucidité sur la condition humaine et son talent de conteuse alliés à un sens de l’humour sans faille font d’elle une des personnalités les plus remarquables du milieu littéraire africain.
En Afrique, où elle a tour à tour suscité le scandale, la curiosité, l’intérêt, le respect, elle est aujourd’hui considérée comme une grande voix de l’écriture. Sa vie et son œuvre ne peuvent en aucun cas laisser indifférent. Elles sont étroitement liées. Trois récits en particulier racontent les diverses étapes de sa propre vie : Le Baobab fou, Cendres et braises, Riwan ou le chemin de sable.
La publication du premier élément de cette série autobiographique, Le Baobab fou, provoque un tollé dans les milieux littéraires africains. Jamais une Africaine n'a bousculé autant d'idées reçues. Incapable de comprendre pourquoi elle a été arrachée à sa mère, Ken Bugul — dont le nom signifie en wolof « personne n’en veut » — se persuade que personne ne veut d'elle. Ce sentiment de rejet, qui domine toute son enfance, est exacerbé par les rencontres qu'elle fait au cours de son adolescence. Toute l’histoire raconte la longue et douloureuse quête d’identité, la quête du « lien » originel, de cette jeune femme noire déracinée, muette de solitude, dans une Europe décadente qui la pousse, de rencontre en rencontre, dans la déchéance.
En 1994, l'écrivain sénégalais récidive avec Cendres et braises, roman grave et léger de la dérive et de la liberté, récit d’une quête pour se réconcilier avec soi-même au sein des harmonies éternelles. Cette fois, l’auteur aborde l'aspect culturel dans les sentiments des couples « dominos » (noir et blanc). Elle confirme une démarche résolument autobiographique. La narration à la première personne et le changement de nom du personnage principal, rebaptisé Marie Ndiaga Mbaye, en sont les signes flagrants. L'héroïne quitte à nouveau son village natal pour la capitale, puis la France. Un Blanc déjà marié, M. Y, l'installe à Paris où elle mène la belle vie. Mais les relations entre les deux amants se dégradent et leurs déchirements ne prennent fin qu'avec le retour de Marie Ndiaga en Afrique.
Toujours aussi persuadée que la culture est déterminante dans la vie, Ken Bugul raconte dans son troisième roman les destins croisés de femmes africaines. Riwan ou le chemin de sable est un récit bouleversant, écrit avec force et sensualité. Puisant aux sources d'une expérience authentique, ce livre mène une réflexion paradoxale et courageuse sur les traditions africaines, la polygamie, la monogamie, l'aliénation, la séduction, la vie et la mort. Dans Riwan ou le chemin de sable, Ken Bugul raconte sa vie de vingt-huitième épouse d’un marabout (le Serigne). Quand elle débarque à Dakar, la trentaine bien entamée, seule et marginalisée après sa descente aux enfers relatée dans Cendres et braises, elle se place d’elle-même sous l’autorité du Serigne, bien qu’habitant chez sa mère. Le Serigne est un sage de la confrérie musulmane des mourides, qui exerce une autorité morale sur son village. L'épouser lui permet d'exorciser la jalousie et ses propres contradictions. Le Serigne la réconcilie avec elle-même et son milieu : « À sa mort, j'ai laissé derrière moi l'être arlequin, découpé en mille morceaux, que j'étais au profit de l'être humain intégral que je suis devenue. Cela m'a permis de savoir que j'appartenais au monde. Je suis comme un arbre dont les racines sont en Afrique et dont les feuilles s'étendent sur l'univers. J'avais besoin de cela : je suis un être préoccupé, bouleversé par la vie. La rencontre avec le marabout et toutes ces femmes m'a fait un énorme bien. C'était une expérience absolument extraordinaire[2] ».
Elle retrouve ses origines et une forme de paix qui trouve son épanouissement dans ce dernier volet. Roman de la réconciliation, l'ouvrage fait l'éloge de la société traditionnelle et de la polygamie (bien que l’auteur s’en défende). Faisant fi de la tentation occidentale et des accents féministes initiaux ! Le récit cultive l'oralité, s'enracine dans la culture africaine, entrecroise les existences de plusieurs femmes et non plus d'une seule. Car Ken Bugul s'intéresse désormais moins à l'individu qu'à la communauté.
Après sa trilogie autobiographique, elle signe La Folie et la Mort, un récit bouleversant qui nous prend à la gorge. Mom (« lui-elle » en wolof), son héroïne, incarne la fuite des responsabilités. Elle pourrait être n’importe qui. Elle représente aussi, symboliquement, l'Afrique. Avec son cortège de malheurs, d'endettements, de guerres et de dictatures. Ainsi, Mom Dioum oblige-t-il le lecteur africain à une introspection, à une réflexion sur l'état de son continent. Ken Bugul, dans un registre afro pessimiste, invite à une prise de conscience collective et africaine. Elle préconise même le soulèvement des populations. L'Afrique doit mourir, nous dit cette Sénégalaise, car la folie a empoisonné ce continent. Dans ce dédale d'atrocités, de viols et de morts, l'espoir est permis, mais ténu. Car si l'Afrique doit, symboliquement, mourir, c'est pour mieux renaître de ses cendres. Et retrouver ses racines et ses valeurs culturelles.
À l’heure où la montée des extrémismes devient de plus en plus préoccupante, Ken Bugul, Sénégalaise connue pour ses prises de position subversives, sort un dernier roman décalé et dérangeant, Rue Félix-Faure, où elle s'attaque à la manipulation et à l'exploitation des femmes par les moquadems (marabouts), gourous et autres nouveaux dieux des temps modernes. Entre intrigue policière et débat philosophique, le livre nous promène dans le quotidien d'une rue de Dakar célèbre pour son activité ininterrompue. Un livre admirable, écrit dans un style cinématographique, qui raconte, au son du violon, du blues et des éclats de rire des filles au dos nu, l'histoire d'un moquadem qui appâte, exploite, manipule et humilie les femmes au nom de Dieu.
Résumé
Ken Bugul vit dans un village reculé du Ndoucoumane, au Sénégal, pays du soleil omniprésent, des baobabs et du sable chaud. Dernier enfant d’une famille polygame traditionnelle très nombreuse, dont le père est un vieillard aveugle et sage plongé dans ses prières, elle ne connaît guère ses frères et sœurs aînés, et vit sa toute petite enfance dans une relation fusionnelle avec sa mère. Le départ brutal de celle-ci alors qu’elle a 5 ans la plonge dans un désespoir sans fond qui ne la quittera plus. Dès lors, elle s’enferme dans une solitude intérieure qui la rend étrangère à son pays, sa famille, ses traditions.
Premier élément féminin de sa famille à rejoindre l’école française, elle se montre une élève brillante dans l’indifférence générale, voire l’hostilité, des siens. Fascinée par la civilisation de « ses ancêtres les Gaulois », elle fait son possible pour s’identifier à elle, reniant délibérément ses origines pour adopter autant que faire se peut les habitudes et les manières européennes. Son rêve trouve un aboutissement dans son départ pour « la terre promise », « le pays où le soleil ne passe pas », en l’occurrence la Belgique : elle espère y retrouver enfin « le lien » avec elle-même qui lui permettra de retrouver son unité, éclatée lors de ce fameux départ de la mère, un matin de son enfance.
La désillusion est immense, autant que le contraste entre ce monde gris et froid qu’elle découvre et « le village, là-bas », écrasé de soleil. Son regard naïf se pose avec stupéfaction sur les gens et les choses, témoin d’une civilisation en pleine décadence dont elle ne voit, de rencontre en rencontre, qu’une face amère et sordide, bien éloignée de l’image que lui en donnaient ses livres de classe.
Découvrant que ces gens auxquels elle s’identifiait tant « ne s’identifiaient pas à [elle] » (p. 67), ayant tourné le dos aux valeurs de sa race à laquelle elle ne peut pas s’identifier non plus, car ses compatriotes eux-mêmes, « aliénés » par le colonialisme, ont perdu toute identité propre, Ken sombre dans la déchéance de la drogue et de la prostitution. Ne parvenant pas à « être » une personne reconnue, repoussée dans une fonction de bel objet noir, accablée de solitude, un dernier sursaut la fait fuir ce monde et retourner « au village ». Mais le baobab, devenu fou de douleur en son absence, est mort.
Parviendra-t-elle à se réconcilier avec elle-même ?
Commentaires
On assiste dans ce livre à l’auto psychanalyse douloureuse d’un être déraciné, victime d’une double aliénation : la perte d’identité personnelle due à la perte de sa mère, seul repère dans une famille « sans structures réelles » (p. 85), d’une part, et la perte d’identité de toute une race, de tout un peuple, égaré entre deux cultures, deux civilisations antagonistes, qu’il ne sait comment concilier, ne pouvant ni retourner complètement à l’une, ni s’identifier totalement à l’autre.
De l'enfance sectionnée, cette jeune femme dit tout parce qu'elle a voulu tout dire comme mise en garde à ses frères africains contre l'assimilation de certaines valeurs trompeuses. Jamais l'aliénation n'a été vécue avec une telle intensité par une sensibilité déchirée, jamais elle n'a été contée avec un tel désespoir.
Un chef-d’œuvre qui relate un destin violent, poignant et hors du commun.
Ken Bugul explique : « Mon premier livre […] je l’ai écrit d’une seule traite. Je venais de traverser des périodes difficiles à la recherche de mon identité. C’était difficile de pouvoir dire ça, de l’expliquer, de pouvoir partager avec les autres sur ce sujet. Souvent les gens n’écoutent pas. Je ne pouvais parler à personne. Et je ne pouvais plus parler avec ma famille parce qu’il y avait eu déjà la rupture et c’était douloureux. Je ne sais pas ce qui m’a donné l’idée de m’acheter un cahier dans une petite boutique ; un cahier d’écolier. Et quand j’ai commencé à écrire, la feuille de papier ne s’est pas plainte. Elle ne m’a pas dit “je suis fatiguée”, elle ne m’a pas demandé qu’on se rappelle. Elle ne m’a pas dit “demain”. Elle m’a écoutée. Et je pense que c’est parce que la feuille m’a écoutée que je me suis laissée aller, et c’est comme ça que je suis devenue un écrivain[3]. »
Ken Bugul, un pavé dans la mare
Avec Le Baobab fou qui provoque un scandale, Mariétou Biléoma Mbaye bouscule les idées reçues. Le fracas était prévisible puisque son éditeur lui avait demandé de prendre un pseudonyme pour se préserver. Celui qu’elle choisit est le prénom de son héroïne, Ken Bugul. Ken Bugul, en wolof, cela signifie « personne n'en veut ». Personne n'en veut, même pas la mort, car en général la personne survit. Ce nom est donné à un enfant dans un cas bien particulier. Dans le cas où une femme a un premier enfant survivant, après avoir eu plusieurs fois enfants mort-nés ou qui ne survivent que peu de temps après leur naissance. Ceci pour conjurer le sort.
Des thèmes abordés
« Nos ancêtres, les Gaulois », les germes de la rupture identitaire chez l’élève indigène (non habitant des Quatre communes de Dakar, Rufisque, Saint-Louis, Gorée)
C’est l’époque où l’Instruction publique française fait la chasse aux particularismes régionaux, imposant le français dans toutes ses écoles, prohibant les langues indigènes et tout folklore local, afin d’insuffler un esprit national à ses citoyens, le sentiment d’appartenir à une patrie commune. Cette politique fut appliquée tout naturellement aux colonies, sans discernement. D’où l’apparente absurdité d’un axiome tel que « nos ancêtres les Gaulois », qui ne peut s’expliquer que par cette volonté de donner une unité aux citoyens d’un « empire colonial » très hétérogène. Les indépendances ont coupé ce cordon ombilical, faisant en quelque sorte des « orphelins » des anciens colonisés, qui avaient perdu leur culture, leur identité, sans pour autant recevoir une culture, une identité de rechange viable : « Le colonialisme […] avait créé la distorsion des esprits pour engendrer la race des sans-repères. Le colonialisme avait fait de la plupart de nous des illogiques. Je ne voulais pas l’accepter » (p. 85).
Ces élèves indigènes ont eu du mal à concilier les valeurs traditionnelles d’une civilisation communautaire et les valeurs d’une civilisation individualiste véhiculées par l’enseignement colonial, antagonisme fatal qui culmine dans cet axiome que l’on retrouve tout au long du livre, leitmotiv lancinant : « nos ancêtres, les Gaulois ». Ceci, seriné par des générations d’Africains, a bouleversé en grande partie leur vie. Ils ont refusé en bloc la famille traditionnelle, socle de l’épanouissement de l’individu au sein du groupe solidaire, et ont choisi l’assimilation. Mais ceux qui, comme Ken Bugul, croyaient avoir assimilé l’identité des anciens colonisateurs, qui avaient cru sincèrement pouvoir s’identifier « aux Blancs », ont découvert avec amertume que ces Blancs ne voulaient pas s’identifier à eux : « J’étais plus frustrée encore : je m’identifiais à eux, ils ne s’identifiaient pas à moi » (p. 67.) Ken Bugul a été marquée à vie par cet enseignement colonial, qui a conditionné tous ses choix par la suite.
Ken Bugul se montre nettement critique par rapport à l'école française. Elle fut la première fille de sa famille à fréquenter cette école « qui allait bouleverser mille mondes et mille croyances qui se cachaient derrière les baobabs médusés en prenant des formes humaines » (p. 115). Elle souligne les aspects aliénants de cette école qui évoquait un monde occidental édénique, par opposition à un monde « noir », bête et laid : « le Noir était ridiculisé, avili, écrasé [...] On les représentait [les Noirs] à l’encre de Chine la plus opaque et ils étaient laids et sans lumière » (p. 106).
Ken se perçoit elle-même comme l’archétype de cette formation déviante. Elle rêve de cet ailleurs fascinant dont parlent les livres, et qui l'éloigne des réalités africaines souvent très dures. Plus tard, sa quête de ce qu'elle appelle « la Terre Promise » (les pays du Nord - l’Europe - et tout ce qu’ils représentent) aboutit à un échec et, tout au long de son récit, elle associe l'école française à l'enfance perdue et à la solitude qui ont bouleversé sa vie.
Il y a une étrange cohabitation entre l’inconscient collectif et le conscient individuel. L’inconscient ancré développe un complexe de supériorité et induit certaines pensées et comportements réducteurs. La conscience d’avoir hérité d’un passé lourd le pousse à adopter une attitude paternaliste qui, au lieu d’abattre la barrière du colonialisme, fait, au contraire, naître un poids dans le cœur des anciens colonisés. Ken Bugul refuse toute amitié possible, car elle est convaincue que, quel que soit son interlocuteur, il subsiste entre elle et lui ce poids avec ses clichés perpétuels sur les Noirs en général, et la femme noire en particulier. D’où ce sentiment implacable de solitude sans issue possible à la limite de la névrose.
La quête identitaire
« Je ne me sentais pas libérée et je ne savais quoi. “Je ne m’assumais pas.” En tout cas, je virevoltais dans le tourbillon chutant. Je n’avais pas trouvé mes ancêtres les Gaulois, et rien à la place » (p. 88). « Je me défoulais mais je ne me découvrais pas » (p. 67). « Je pouvais m’abandonner à la recherche de mon moi véritable, qui était ma seule préoccupation » (p. 76).
La quête identitaire est un des éléments clés de l’ouvrage de Ken Bugul. Ken voit son identité lui échapper. Cette perte d’identité et de repères est la résultante d’un enseignement colonial raciste, du départ de sa mère et d’une croissance chaotique dans une famille déstructurée.
« De plus en plus le fossé se creusait, désespérément. L'Afrique me rappelait à elle par ses élans, ses instants de poésie et ses rites. Mais je tenais bon le lien avec les valeurs apportées par la colonisation. Je ne pouvais plus retourner sur mes pas, ni même jeter un coup d’œil en arrière. »
Elle croit trouver la terre promise en Occident, mais elle ne tarde pas à déchanter. Elle découvre que l’Occident lui-même est en mal d’identité : « L’Occident venait de faire son diagnostic. Le développement économique, colonial, n’allait pas de pair avec un développement humain. L’être occidental, nostalgique des ères grandioses de son passé, ne s’épanouissait pas malgré tout. La société, le système étaient remis en question. L’Occident s’étouffait lui-même et c’étaient des agonisants qui essayaient d’échapper » (p. 88).
Elle se découvre la proie d’un Occident luxueux dans sa chute généreuse, « un pion dont ces gens-là avaient besoin pour s’affranchir d’une culpabilité inavouée. […] Leur décadence, je ne pouvais me l’imaginer, car depuis vingt ans, on ne m’avait appris rien d’autre d’eux que leur supériorité » (p. 74).
Ailleurs, elle avoue, lucide : « De plus en plus je me rendais compte que je jouais un jeu avec le Blanc. Léonora m’en fit la remarque une fois : “Arrête de jouer, sois toi-même.” Mais qui étais-je ? » (p. 67).
Elle comprend dès lors la nécessité pour elle de retrouver son identité, qui ne peut se faire qu’à travers un retour nécessaire aux origines des choses : « J’avais envie de courir jusqu’au village, de rester sous le baobab et de pleurer là jusqu’à l’évanouissement » (p. 87). Le baobab énigmatique, ambigu, son unique référentiel, témoin de la permanence des choses, son véritable moi : « Les retrouvailles furent applaudies par le baobab mort depuis longtemps […] ce baobab témoin et complice du départ de la mère, le premier matin d’une aube sans crépuscule » (dernière page).
En fin de compte, tout au long du livre, en contrepoint ou en négatif, il ressort que l’Occident, gris et froid, décadent, trépidant, souffre peut-être davantage de « mal être » que l’Afrique traditionnelle, laquelle évolue avec lenteur dans l’immanence du soleil et des baobabs. Seuls ceux qui cherchent leur reflet dans le miroir occidental « brisent l’harmonie », au risque de devenir « fous ».
Les mirages de la liberté
Avec Jean Wermer, Ken Bugul prend sa « leçon de libéralisme pour être dans le coup » (p. 70). Elle passe par toutes les phases possibles pour enfin « s’assumer ». Sur son chemin, elle ne croise que des mirages, et toujours l’effroyable solitude : « En Occident la solitude était une tourmente, la société n’offrait aucun refuge à l’âme » (p. 85).
Le mirage de l’amour qu’elle croit apprivoiser en assumant une pseudo-liberté sexuelle destructrice sous toutes ses déclinaisons : concubinage, libertinage, homosexualité, ménage à trois (polyandrie), prostitution… « J’en avais réellement marre de n’être prise que pour ce sous-produit que je représentais » (p. 174).
Le mirage de la drogue : « Ne venais-je pas des pays tropicaux où l’herbe poussait ? […] L’Occident désacralise tout. L’herbe, en Afrique, sert dans les cérémonies ou en thérapeutique, fonctions sacrées » (p. 76).
Le mirage de la maternité, qu’elle s’acharne d’abord à détruire par l’avortement, puis à vouloir coûte que coûte retrouver : « Je voulais avoir un enfant. Jean Wermer trouvait que je ne m’assumais pas assez pour en avoir » (p. 87).
Le mirage des amitiés blanches, d’où elle sort plus frustrée encore (« je m’identifiais à eux, mais ils ne s’identifiaient pas à moi » [p. 67]), et des amitiés noires qu’elle tient à distance : « Nous n’avions pas les mêmes préoccupations : ils se complaisaient dans la brume du compromis et moi je cherchais toujours. Et puis ce n’était pas avec eux que je voulais vivre ! » (p. 67).
Le mirage de l’indépendance nationale : « L’indépendance me déçut. Je croyais que l’indépendance allait me sauver. Je ne constatais aucune acquisition d’identité propre, aucun souffle. L’indépendance était comme la reconnaissance et l’officialisation de la dépendance » (p. 144).
La conscience féministe
Ken Bugul fait figure d’avant-garde parmi les Occidentales qui commencent leur lutte de libération. Sa conscience féministe naît de la découverte de la solidarité entre les femmes (la rencontre avec Léonara, l’Italienne).
Selon elle, les femmes « ignorent qu’il n’y a pas “des femmes”, il y a seulement la femme. Elles devraient se retrouver, se connaître, s’imprégner. Elles ont des choses à se dire puisqu’elles sont toutes semblables. Se libérer n’est pas se détacher de ses semblables pour chercher l’amitié, la compagnie de l’homme » (p. 100).
Ken Bugul évoque la communauté de destin chez les femmes : la souffrance et la solitude de la fille mère, l'exploitation des charmes féminins. Elle compare la vision africaine à l’occidentale : « Là-bas, dans le village, les femmes se donnaient des conseils, se confessaient, vivaient ensemble. Pourquoi ici a-t-on cherché à bouleverser la nature ? Insatisfaites, elles revendiquent. Que revendiquent-elles ? Pour pouvoir être bien avec les autres, en l’occurrence l’homme, il faut d’abord que les femmes soient bien avec elles-mêmes dans leur peau et entre elles. Il faut que les femmes s’acceptent » (p. 100).
En Europe, Ken Bugul est surtout marquée par les amitiés féminines. Elle est « consternée » par la défiance d’Hélène Denoël, pourtant « gentille, disponible, féminine » (p.103), qui se laisse « convaincre que [Ken Bugul était] trop femme pour ne pas être une redoutable rivale » : « cela ne faisait que confirmer les rapports décadents que les femmes occidentales entretenaient entre elles et avec toutes les autres femmes » (p. 105.)
La solitude
La solitude est une névrose qui « [la suit] silencieusement partout » (p. 110). Ken la fuit et elle la poursuit.
Solitude de son enfance et de son adolescence, depuis le départ de sa mère qui la fait basculer dans un quasi-autisme.
En Afrique, elle se replie sur un monde intérieur où elle rêve d’une autre vie, d’un autre monde. Elle imagine la famille qu’elle créera plus tard, une famille cimentée par l’amour qui lui fait tant défaut : « une famille avec qui partager les bonheurs et les chagrins. Une famille à laquelle je participerais » (p. 149).
Son départ pour l’Europe est une nouvelle naissance pour elle : enfin elle va vivre, elle va être ! Elle va retrouver « ses ancêtres, les Gaulois ». Mais la désillusion est rude : à l’arrivée, la solitude est encore là, plus grinçante que jamais. Froide. Grise. Humide et nauséabonde. En découvrant que les Gaulois ne sont pas ses ancêtres, elle revit la rupture maternelle. Elle cherche désespérément un abri dans les drogues, la chaleur des autres ; elle veut noyer ce silence qui l’habite dans le tourbillon d’une vie tumultueuse et tapageuse, au bord de la schizophrénie : « Cette solitude que j’avais retrouvée durement, avec le choc d’avoir perdu, ici, mes ancêtres les Gaulois. […] Cette solitude jusque dans les draps des amants d’un soir ; ce besoin lancinant des autres, introuvables » (p. 110).
Le poids de la polygamie
Les caractéristiques dominantes évoquées sont la tension et l'instabilité qui règnent dans ces foyers. Ken Bugul écrit ainsi : « les deux femmes du père s'engueulaient en silence, […] se réconciliaient, […]chacune en voulait secrètement à l'autre d'être là »" (p. 30). L'on sait que la mère de Ken, en désertant le foyer, a transformé la vie de la narratrice elle-même. Ballottée d'une famille à l'autre, elle ne rencontre aucun point d'ancrage. Sa famille est une famille sans structures. Elle présente l'une de ces familles : « Je me retrouvai dans une famille immense, tout ce monde habitait ensemble. Les femmes, les enfants, les neveux, la sœur du mari […] Les quatre épouses se jalousaient à mort. Elles se battaient pour n'importe quoi en l'absence du mari. Elles rivalisaient à qui se soumettrait le plus à l'homme » (p. 151).
Les personnages
Curieusement, Ken Bugul évoque de manière très différente les personnages africains et les personnages européens.
L’auteur semble établir une forme de distanciation en usant d’un foisonnement de noms génériques pour parler de ses personnages africains : « le père », « la mère », « la nièce », « le frère », « la sœur »… Ils sont rarement décrits physiquement. On dirait des ombres qui environnent la narratrice, ont des incidences sur sa vie, mais sans consistance réelle. À tel point que la narratrice fait presque figure d’autiste : la rupture brutale avec sa mère l’a coupée de toute attache.
Au contraire, son atterrissage, tout aussi soudain, en Europe, « pays de ses ancêtres », prend des allures frénétiques. Elle multiplie les rencontres, vécues intensément dans une soif irrépressible de « créer le lien » qui rétablira sa propre unité. Chaque personnage européen est individualisé, et la plupart de ceux qui jouent un rôle important dans sa vie portent un nom qui leur permet d’être identifiés et identifiables.
On peut noter cependant qu’aucun personnage africain croisé en Europe ne porte de nom, excepté Souleymane, son ami sénégalais qui lui apporte des bouffées d’air authentiques de son pays. Même l’étudiante avec qui elle partage son premier logement reste « la jeune Zaïroise ».
La mère, source de vie, la grande absente
Ken Bugul la compare à un arbre : « Ma mère était présente dans la demeure familiale, comme l'immense dobali qui abritait leurs monologues intérieurs », écrit-elle p. 80. Elle n’est guère décrite, Ken n’exprime que des sensations : les « cuisses chaudes » où elle peut se blottir, le corps « doux comme un nid de plumes » (p. 80), la voix « douce » et « chaleureuse » (p. 157).
Le récit de Ken émeut, par la place que la mère y occupe. Il y a d’abord cette relation fusionnelle de la petite enfance : « Dans cette maison, il n'y avait qu'elle que je distinguais. Il y avait le père, mais il était le père de tout le monde [...] Ma mère, je la sentais tous les soirs, dans le lit que je partageais avec elle » (p. 79). La mère absente, Ken sombre dans une détresse inconsolable. Tout au long du livre revient cette plainte lancinante : « Pourquoi ma mère m’avait-elle laissée ? »
On découvre par la suite que la séparation n’a duré qu’un an, mais la déchirure de cette séparation non préparée, non consolée par quiconque, est irrémédiable : « C’est ainsi que quand je suis arrivée, ma mère n’était plus. Il ne me restait plus que la mère. Ce fut le silence » (p. 130).
Le père aveugle, un puits de savoir et d’expérience
Ken a une vision particulière de son père qui n’apparaît pas comme son géniteur, mais comme un être extraordinaire : « Je n’avais jamais éprouvé de sentiment de fille à père avec cet homme généreux, bon, intelligent, disponible. Je l’admirais surtout pour sa disponibilité, que seules l’humilité et la générosité engendraient. Ce qui me faisait pleurer, c’était le fait qu’on me disait orpheline de père, moi qui n’avais jamais eu le sentiment d’avoir un père. Perdre un père que je n’avais pas eu… » (p. 91-92).
Devenu aveugle peu de temps après la naissance de Ken, il avait « accédé à la “vision” » (p. 95), homme sage paradoxalement disponible et lointain tout à la fois, ignorant du désespoir de sa fille. « C’était plutôt l’aïeul » (p. 95).
Sa mort ramène Ken au pays, mais ne permet pas l’ancrage tant attendu : « Je repartis vers l’ailleurs » (p. 96). Un goût d’inachevé…
Jean Wermer, le Pygmalion décadent
Le contact est immédiat. Jean - divorcé, père de trois enfants - va l’initier à une nouvelle vie, à de nouveaux paramètres.
C’est un artiste peintre, apôtre de la « vie d’artiste », libérée de toute entrave. Avide « d’être dans le coup » en permanence, il lui fait découvrir un monde artificiel, noctambule, en marge de la société « bourgeoise » abhorrée, une vie d’apparences, parmi les vernissages et les mondanités, les rencontres d’une nuit, le mouvement permanent, l’alcool et la drogue.
Avec lui, elle découvre l’homosexualité, le ménage à trois et le raffinement liberticide. La description de sa vie avec lui est l’occasion d’une satire faussement naïve mais vraiment féroce de la décadence de l’Occident.
Les amis
L’amitié est sincère. À des moments éprouvants de sa vie, ils l’assistent, la soutiennent.
C’est le cas de « la jeune Zaïroise », de l’Italienne Léonora, altruiste et généreuse, de Laure, l’amie riche, disponible et tolérante. Elle évoque longuement Leonora, « toujours là, toujours présente » (p. 96), et compare cette solidarité à celle qui unissait les femmes de son village : « là-bas, les femmes se donnaient des conseils, se confessaient, vivaient ensemble » (p. 100). De même, Laure est le refuge chez qui elle sait pouvoir s’abriter dans les pires moments de détresse sans qu’elle lui pose de question. « Laure me plaignait, Léonora m’aidait » (p. 74).
Hélène et Paul Denoël sont des gens « tranquilles » qui « n’étaient ni des intellectuels, ni des marginaux, ni des artistes, ils n’avaient pas fait mai 68, ils ne “fumaient” pas, n’allaient pas dans les bistrots, n’écoutaient pas Ten Years After ou Jefferson Airplane… » (p. 103). Ils lui apportent paix et sérénité. Surtout, ils l’écoutent, Paul en particulier : « Paul m’écoutait plus qu’aucun être au monde » (p. 103). Elle passe une semaine chez eux, une semaine de « répit [dans son] existence tourmentée » (p. 105). Malheureusement, elle est obligée de prendre des distances car l’intimité de ses relations avec Paul éveille la jalousie d’Hélène.
Souleymane « tombe » par hasard dans sa vie, Sénégalais perdu en Belgique et tout heureux de rencontrer une compatriote. Elle lui offre l’hospitalité. En retour, il lui offre l’authenticité du pays : « C’était merveilleux. Souleymane me donnait envie de retourner dans mon pays » (p. 91). Il ne ressent pas le complexe de l’ex-colonisé, parle wolof et fréquente ses frères de race. « Souleymane se contentait d’une Afrique qui s’arrangeait, s’accommodait […] et se vantait sans le savoir d’une aliénation de plus en plus marquée et acceptée » (p. 108).
« L’ami américain » n’a pas d’autre nom, mais ce GI, voisin de palier de Ken, est le témoin discret et réconfortant de toutes ses errances. Il héberge Souleymane à son tour, et tous trois passent des soirées magiques : « Je me sentais heureuse durant ces soirées, mais le reste du temps, la vie me poursuivait, insensée, folle, imprévisible. »
« Laure, Léonora, les Denoël et tant d’autres dévoués furent les témoins obligés de toute cette période de pleurs et de larmes » (p. 110).
Signification et structure
Le roman est divisé en deux parties : la préhistoire de Ken et l’histoire de Ken.
L’auteur montre toute la force de l’image. Celle-ci, très présente dans l’ouvrage, va se répéter tout au long du roman : « l’harmonie brisée ».
L’auteur utilise les symboles d’une Afrique permanente : le baobab et la perle d’ambre.
Le choix de l’image du baobab n’est pas gratuit de la part de l’auteur. La symbolique de "l'arbre de mille ans", "l'arbre bouchon", "l'arbre éléphant" est forte au Sénégal. Arbre de la sagesse africaine, il est en symbiose avec le mythe (esprits, …), il est l’hôte de la palabre, base de tout dialogue, signe de paix. Il est le symbole de la paix et de la non-violence pour ces peuples. Noble et Sacré, il a longtemps servi de sépulcre à la caste des griots. Son tronc était le mausolée des maîtres de la parole. Le Baobab possède un côté pratique et utilitaire : usage dans la pharmacopée, la cuisine, la confection de cordes et autres. Il est une manne, tant par ses fleurs, ses feuilles, ses fruits, son écorce et sa pulpe. Il peut nourrir les hommes comme les bêtes. Il est admirable par sa résistance aux aléas de la nature : il peut supporter une longue période de forte sécheresse. La préhistoire de Ken est le prétexte pour raconter la genèse du baobab.
La perle d’ambre aussi joue un rôle essentiel. Symbole de la féminité accomplie, du statut de la femme, cause de la douleur, cette perle identité, qui brisera l’harmonie, a été trouvée en l’absence de la mère.
L’auteur montre qu’elle n’a pas oublié sa culture.
L’histoire de Ken se déroule selon un enchaînement de temps forts qui correspondent à l’apparition des personnages. Ils marquent la progression dramatique. Suivre le cours des différentes rencontres de Ken Bugul, c’est suivre des pistes qui n’ont qu’un but : la découverte de son identité.
Toutes ses rencontres - qui, malgré tout, n’arriveront jamais à remplacer la mère, parfois le père dans une moindre mesure - lui apporteront quelque chose dans cette nouvelle vie qu’elle tente de se forger en la mettant toujours en parallèle avec la culture des origines.
L’auteur cultive à dessein l’ambiguïté entre le personnage narrateur et l’auteur du livre. Cela est pour elle une manière de démontrer celle de la vie elle-même.
Le Baobab fou se caractérise par une écriture de « confession », à caractère autobiographique, et donc sujette à des allers-retours, et qui n’évite pas les contradictions ou les approximations inhérentes à ce genre. Mais cela même donne une touche « authentique » et sincère au récit. Il s’agit d’une quête du «lien» jusque dans les pires abjections de la vie.
Bibliographie de l’auteur
Trilogie autobiographique :
Le Baobab fou, Dakar, Les Nouvelles Éditions africaines du Sénégal, 1982 ; roman.
Cendres et braises, Paris, L'Harmattan, 1994 ; roman.
Riwan ou le chemin de sable, Paris, Présence africaine, 1999 ; roman.
Les autres :
La Folie et la Mort, Paris, Présence africaine, 2000 ; roman.
De l'autre côté du regard, Paris, Le Serpent à Plumes, 2003.
Rue Félix-Faure, Paris, Hoëbeke, coll. « Étonnants voyageurs », 2005 ; roman.
Mes hommes à moi, Paris Présence africaine, 2008.
[1] Renéé Mendy-Ongoundou, Ken Bugul revient avec « Riwan », Amina 349, mai 1999, pp 67-68, interview.
[2] Renéé Mendy-Ongoundou, Ken Bugul revient avec « Riwan », Amina 349, mai 1999, pp 67-68, interview.
[3] Rencontre publique avec Ken Bugul, une femme africaine écrivain sur les rives du lac. Association culturelle du Lac de Grand Lieu.